Découverte de Schelling

En reparcourant quelques pages du livre de Marion “D’ailleurs, la révélation”, je tombe, pages 48-49, sur une citation de Friedrich Schelling, philosophe dont je ne connaissais même pas le nom. Et j’ai découvert ensuite, dans l’index à la fin du livre, que Schelling fait partie des auteurs les plus cités par Marion: à au moins dix endroits différents, et souvent longuement (p.ex.: “pp.446-453”).

Schelling est un philosophe du début du 19° siècle, contemporain de Hegel. Dans les diverses histoires de la philosophie que j’ai, je le trouve seulement dans l’excellent livre de Roger-Pol Droit “La compagnie des philosophes” .

Que dit Schelling, dans la citation qu’en fait Marion? Que “si la révélation ne comportait rien de plus que ce qui est dans la raison, elle n’aurait aucun intérêt. Son unique intérêt ne peut consister que dans un contenu qui outrepasse la raison; qui soit plus que ce que la raison contient”. Et Marion d’enchaîner sur le paradoxe, qui ne se confond pas avec la contradiction. (Et qui, s’il est accepté – c’est moi qui l’énonce ainsi- permet d’élargir le champ intellectuel).

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Qu’est-ce que la philo? …

A propos des intéressants sujets du bac 2021, je me suis posé diverses questions… 🙂

Les élèves de la voie générale ont pu choisir entre trois sujets de dissertation (“Discuter, est-ce renoncer à la violence ?”, “L’inconscient échappe-t-il à toute forme de connaissance ?”, “Sommes-nous responsables de l’avenir ?”) ou une explication d’un extrait de De la division du travail social d’Emile Durkheim consacré à la morale. Les lycéens technologiques se sont vu proposer “Est-il toujours injuste de désobéir aux lois ?”, “Savoir, est-ce ne rien croire ?”, “La technique nous libère-t-elle de la nature ?” ou un extrait de l’ouvrage de Sigmund Freud Le Poète et l’activité de fantaisie.


La philosophie est une réflexion sur notre vie d’hommes ; elle conduit (notamment) à se poser des questions, ou à examiner des situations / à réfléchir sur elles.

Et notamment en se demandant :

– Qu’est-ce que je pense de ces questions (y mal posées / pas de sens ..)?

– Quel est le SENS (la “définition” ?? )/ quels sont LES SENS possibles / des mots employés, de la phrase utilisée ?

– Qui a déjà réfléchi sur ces questions? Qu’a-t-il dit ? Quelles “réponses”?

– Et qu’est-ce que j’en pense ? ! 🙂

On notera que les “réponses” ci-dessus dépendent de la vision que l’on a: du contexte concerné; du monde en général.
Et aussi de la façon dont on estime qu’il faut réfléchir: p.ex. au lieu de reconnaître que l’on a des convictions discutables, on disqualifie l’autre en disant qu’il a des “croyances irrationnelles” (Kant sur le christianisme).

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Un peu de Husserl?

En relisant certains passages du livre de Jeanne Hersch “L’étonnement philosophique”, je trouve, notamment pages 401 à 404, une présentation intéressante de l’approche de Husserl.

Quand j’avais participé, en 2015, à une conférence de Jean-Luc Marion, j’avais rassemblé en un petit document quelques éléments du vocabulaire phénoménologique. Jeanne Hersch m’aide à reprendre les choses plus au début, beaucoup plus clairement, même si elle déclare in fine (p.406!) qu’elle ne comprend pas Husserl !!

Alors essayons quand même. Je résume ci-après ce que je comprends dans le texte de Jeanne Hersch.

Husserl part de notre “conscience” (on aurait pu dire: notre pensée); notre seule certitude, c’est que nous sommes là, avec un monde autour de nous. Mais on met ce monde entre parenthèses, pour s’intéresser seulement à ce qui se passe dans notre conscience: la façon dont elle reçoit les phénomènes. On ne s’intéresse pas aux phénomènes, mais à ce qui nous est donné d’eux, dans notre conscience.

Husserl suppose – si je comprends bien – que la conscience a alors une activité, elle est “intentionnelle“; c’est elle qui élabore, qui constitue (construit?) les phénomènes, en étant remplie de l’intuition (C’est “ce qui lui parvient”, ce qui vient en elle; j’ai toujours du mal avec ce mot). Il ne faut pas construire un modèle de l’extérieur; simplement décrire ce qui nous est donné.

Il ne faut pas – dans cette approche et si je comprends bien – parler des choses en elles-mêmes, mais de la pluralité de ce que nous percevons: par exemple pour un cube, sous divers angles, nous voyons des aspects, des pourtours; mais nous ne voyons jamais le cube concret. Pour Husserl, “l’être du phénomène, c’est son apparaître“.

Husserl considère son approche comme scientifique: il est toujours possible que certains aspects et certaines esquisses ne s’accordent pas…

Cela dit, ajoute Mme Hersch, chacun des disciples de Husserl a eu son interprétation de ce qui précède, et ils ont divergé entre eux..

Voilà; j’espère que je n’ai pas dit trop de bêtises !

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Edith Stein, Marion

Devant prochainement assister à une journée de découverte d’Edith Stein, que je ne connais pratiquement pas, j’ai tout de suite pensé que Jean-Luc Marion et elle ont un point commun: être des phénoménologues chrétiens. Une recherche sur Internet m’a conduit à un article en anglais (1998), qui compare leur approche de Dieu.
Je connais relativement peu les livres de Jean-Luc Marion, même si j’ai participé à une conférence qu’il avait faite devant l’association “Foi et Culture Scientifique”.

La phénoménologie m’avait toujours laissé perplexe, s’affirmant en quelque sorte scientifique, mais semblant s’intéresser aux apparences plus qu’au réel caché.

L’article dont je donne la référence ci-dessus m’aide à y voir clair, et son résumé est assez catégorique:

“We wish to challenge Marion’s claim of the necessity to move au-delà de l’être. We shall argue that Marion has presented a very limited understanding of the concept of Being, for he has interpreted the Being of God as causa sui. (..) Edith Stein (brings out) a fuller sense of the metaphysical notion of the Being of God.”
“In conceiving God’s Being as fullness and personal, Stein asks us to rethink Marion’s claim of the caducité de l’être . How so? First, she pushes us to think beyond Marion’s limitation of God to causa sui. Second, Stein brings to the fore the drama of personal relationality implicit in the conception of God as cause (Creator). God’s Being is not merely an empty predicate, but one made real and full within God’s self-identification as an “I”. One cannot help but wonder, especially given the Cartesian emphasis on the “I”, how intimately the divine and human ego relate, particularly as persons. Finally, we see Stein offering a challenge to contemporary metaphysics: To rethink Heidegger’s analysis of the onto-theo-logisation of metaphysics by means of two new iconic images of God as Fülle und Person.

Bon, tout cela est assez complexe, et je laisse pour l’instant les choses en l’état.

Mais j’ai l’impression de découvrir enfin, avec Edith Stein, une philosophie moderne vraiment chrétienne.
Il me “restera” aussi à voir comment articuler cela avec Ferdinand Gonseth, qui est plus du côté de la philosophie des sciences, mais ouvre aussi des pistes vers le christianisme.

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Méditer, philosopher?

J’ouvre un peu au hasard, au milieu, le livre d’André Comte-Sponville “C’est une chose tendre que la vie”, livre dont j’ai sûrement déjà lu certains passages.

Et je tombe sur une curieuse opposition entre “méditer” et “philosopher”. L’explication en est sûrement dans le sens qu’André Comte-Sponville donne au mot “méditer”, dans les pages qui précèdent. Mais je ne peux que réagir à ce qui est dit page 234:
“- Quelle différence faites-vous entre méditer et philosopher?
“- Ce sont deux pratiques à peu près opposées. La philosophie se fait avec des mots, “avec des discours et des raisonnements” (Epicure). La méditation se fait avec des silences, des postures, des inspirations et expirations…

Bien que j’apprécie le “Dictionnaire philosophique” d’André Comte-Sponville, je ne peux que réagir vigoureusement à l’idée que “la philosophie se fait avec des mots”.

Car oui et non: il faut, bien-sûr, à un certain moment choisir des mots – éventuellement temporaires – pour décrire les différents aspects de la réflexion que l’on poursuit. Mais l’intuition intérieure, les réactions sensibles que l’on a en réfléchissant à telle ou telle question, font que, pour moi, philosopher, c’est créer. On n’est pas loin de l’artiste; on tourne autour d’une question, on jette sur le papier quelques idées…

On retrouve ici, une fois de plus, la différence entre les philosophies traditionnelles et la philosophie ouverte de Gonseth (voir mon site): toute description, toute modélisation, est provisoire. Elle utilisera notamment des mots, bien sûr; mais il s’agit d’avoir en tête un modèle du réel dont on cherche à parler.

C’est une réflexion; éventuellement une méditation. Un sujet que l’on a en tête et que l’on tourne et retourne.

La philosophie, c’est la vie !

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La façon dont un philosophe parle d’un sujet…

Avant de décrire un peu le chemin que j’ai suivi, j’ai envie de donner une sorte de brève conclusion de mes lectures d’aujourd’hui (“datez!”, nous dit Van Vogt):

Dans la façon dont un philosophe parle d’un sujet, il y a, quasi inévitablement:
– Un point de vue sur ce qu’est la philosophie
– Un point de vue sur ce qu’est le réel.
Et aussi:
– Des préjugés sur pas mal de choses!

Autant dire qu’il peut y avoir beaucoup de façons de philosopher; et que la notion même de “cours de philosophie” pose problème. Tout au plus peut-on essayer de décrire des courants philosophiques.

C’est la notion de “désir” que je viens d’essayer de regarder, dans un certain nombre de livres de philosophie que j’ai. Je renonce à résumer ici le parcours, mais il est intéressant,  et presque édifiant. On pourrait dire, presque nul; bizarre ou contestable parfois, etc.

D’où ma conclusion en italique ci-dessus.

Allez, j’approfondis un peu. Il me semble que ce que j’aurais aimé trouver, comme définition du désir, c’est quelque chose comme: “Aspiration de l’être, se traduisant par des pensées et des sentiments.” ….
Mais c’est peut-être en spiritualité, et uniquement en spiritualité, que cette notion paticulière de désir prend son sens… Les psychologues l’ignorent?

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Philolog.fr : un excellent “cours de philo”

Le site https://www.philolog.fr que je viens de découvrir est une excellente introduction à la philo, autant que je puisse en juger, car le site est vaste.

L’auteure, professeur de philo, a mis en ligne tout son cours; c’est clair et très vaste.

Souvent, en quelques lignes seulement, bien des questions sont évoquées; et on apprend !

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Barbara Cassin: “Dictionnaire des intraduisibles” et “Eloge de la traduction”

Je découvre, à travers “Eloge de la traduction”, les réflexions extrêmement brillantes, et pertinentes, de Barbara Cassin, dont d’autres extraits de livres (Kindle) m’avaient moins intéressé.
Barbara Cassin, élue en mai dernier à l’Académie française, est entre autres la coordinatrice du gigantesque “Dictionnaire des intraduisibles” (2004), intitulé aussi “Vocabulaire européen des philosophies”, pour lequel elle a associé un grand nombre de philosophes et traducteurs de toutes sortes de pays et de langues. Des versions en diverses langues sont sorties ou sont en cours. On peut consulter gratuitement un long extrait de la version anglaise Kindle (“Dictionary of Untranslatables”).

Le livre “Eloge de la traduction”, sous-titré “Compliquer  l’universel”, sorti en 2016, et dont il existe une édition Kindle, est une sorte de défense et illustration du travail entrepris par son dictionnaire.
Très critique notamment par rapport à la philosophie analytique, jonglant d’un philosophe à un autre (et me permettant d’en découvrir mieux certains), ce travail ne peut que passionner l’amoureux des langues – et de la philosophie – que je suis, largement dépassé par le feu d’artifice auquel j’assiste, mais approuvant vraiment la finesse de la réflexion!

Allez y jeter un coup d’oeil !
(C’est l’extrait Kindle d’Eloge de la traduction que j’ai lu pour l’instant).

Additif: Comme un commentateur sur Amazon le suggérait, j’ai aussi jeté un coup d’oeil au livre de Heinz Wismann “Penser entre les langues”…
Et là, amusement! Ecrit en 2014, et faisant sans doute implicitement référence aux travaux de Barbara Cassin, il insiste sur le fait que la principale différence entre les langues, c’est la syntaxe: les structures syntaxiques ! Il raconte à ce sujet une mésaventure de Humboldt en 1798, n’arrivant pas à se faire comprendre d’un auditoire français…
La syntaxe détermine profondément la manière de parler (de penser?).
Traversant l’Allemagne, en 1807, pour faire la tournée de toutes les têtes pensantes, Germaine de Staël se plaignait, à son tour, du fait qu’il n’y avait pas de conversation possible avec les Allemands, parce que, chez Goethe par exemple, ceux qui prenaient la parole ne la lâchaient pas avant d’avoir terminé leur phrase. Pour elle, une conversation consistait précisément à emboîter le pas à celui qui parlait, quitte à l’interrompre,..” !! (La raison étant, dit Wismann, que le verbe est à la fin de la phrase en allemand: tant qu’on n’a pas entendu le verbe on ne sait pas vraiment ce que l’autre veut dire).

Additif 2: Il y a un autre aspect, essentiel, dont j’espère/suppose que le travail du “Dictionnaire des intraduisibles” tient compte: c’est (tout simplement?) que certains mots ont un sens très différent d’un philosophe à l’autre. Wismann en donne un exemple à propos de ce qu’il appelle “la petite musique épicurienne”: Chez Épicure et Lucrèce la volonté est entièrement commandée par le mécanisme des atomes, seule la volupté est libre (..)”.
Le “Dictionnaire” consacre une page à “l’absence de la problématique de la volonté dans l’antiquité”.  Ni le Lalande, ni encore moins le Foulquié n’évoquent ce problème.

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La révélation est-elle un savoir?

Je lis sur reformes.ch un interview de Jean-Luc Marion sur la “révélation n’est pas un sous-savoir”. Je dois dire que je suis un peu gêné par cette approche, tout en reconnaissant l’importance des réflexions de M.Marion.

Dans la ligne du début de la 1° lettre aux Corinthiens, je crois que la découverte de Jésus comme présence de Dieu relève du don de soi, du renoncement à ce que l’on croyait savoir.

Il y a certes, comme l’analyse Marion, une sorte de “savoir” derrière… Mais il y a essentiellement de l’amour. Est-ce à travers ce que je savais de ma future femme que je me suis fiancé avec elle? L’approche de Marion n’est pas “fausse”, mais est très insuffisante; elle est à son niveau: philosophique; et utile sans doute de ce point de vue.

J’ai participé à une conférence de Marion il y a quelques années et écrit quelques embryons de textes sur sa philosophie: voir ici et .
L’article de reformes.ch aide un peu à comprendre ce que Marion appelle “phénomène saturé”.

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La philosophie, une science ?

Ni une science, ni vraiment un savoir.
Voir billet de 2015 sur ce site:

http://www.philippe-lestang.com/blog/2015/la-philosophie-est-elle-un-savoir

“… comme disait Kant, on ne peut apprendre la philosophie. On ne peut apprendre qu’à philosopher.”

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